Argumentaire

     Les pressions à l’interface entre les hommes, les animaux et leurs environnements augmentent de façon exponentielle jusqu’à nuire à la santé des individus et des populations. D’une manière générale, l’épigénétique environnementale décrit comment les facteurs environnementaux affectent l’épigénétique cellulaire et conséquemment la santé humaine(1). La convergence de la science et de la technologie à l’ère du numérique favorise la fabrication des appareils innovants permettant d’avoir des informations précises sur certaines maladies dont la prévention, le diagnostic, le traitement et la surveillance n’étaient pas maitrisés(2). L’utilisation stratégique des méthodes et des approches d’ingénieries des protéines notamment, a permis de découvrir les meilleures propriétés enzymatiques, ayant comme conséquence la croissance de leur activité catalytique(3)(4).

     Par ailleurs, l’apparition dans les années 2000 de nouvelles maladies virales ayant une propagation pandémique fut à l’origine de l’approche « Une Santé/One Health » qui est un concept holistique qui met en exergue l’inhérente relation qui existe entre la santé humaine, animale et la protection des écosystèmes(5)(6). La santé humaine et animale est interconnectée et connectée à l’environnement et les changements qui se produisent dans l’environnement ont un impact significatif sur la santé. Par une approche multisectorielle et transdisciplinaire, les menaces en santé publique peuvent mieux être surveillées et contrôlées(7). L’approche « Une Santé/One Health » travaille ainsi pour conserver la nature, préserver les écosystèmes, surveiller l’émergence des nouvelles maladies(8).

     Somme toute, cette interconnexion entre les biotechnologies, le développement et la santé nous impose actuellement un arrêt sur ce monisme épistémologique afin de nous interroger fondamentalement sur la place de l’homme et de son devenir au cœur de cette kyrielle des savoirs multidisciplinaires et transdisciplinaires : L’homme acquiert de plus des connaissances précises susceptibles d’améliorer et de modéliser les tissus et de manipuler le génome humain. Il est capable de mesurer l’organogénèse et de comprendre en quoi elle diffère de celle des autres organismes afin de sonder le développement de la biologie sous-jacente de notre espèce(9). Devant cette croissance accrue du matérialisme réductionniste et fonctionnaliste qui limite la vérité sur l’homme à sa dimension biogénétique, on est en droit de se demander si l’homme ne possède-t-il pas une dimension métagénétique ? Le corps humain peut-il se réduire au corps biologiquement explicable ? L’homme peut-il se réduire à l’homme scientifiquement explicable ? Devant la croissance exponentielle des interconnexions entre les biotechnologies, le développement et la santé, l’homme ne coure-t-il pas le risque d’être objet de sa propre recherche ?

     En outre, l’apport des biotechnologies dans la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies est actuellement indéniable. Certains vont jusqu’à croire que les biotechnologies vont prolonger la durée de vie jusqu’à 1000 ans et le vieillissement restera une histoire ancienne(10). Le continent africain étant touché de façon disproportionnée par les maladies infectieuses, les biotechnologies de la santé offrent certes un espoir potentiel qui permettra de développer des stratégies efficaces de lutte contre le cercle vicieux de la pauvreté et des infections aidant au développement et à l’amélioration de nouveaux médicaments, des diagnostics et des vaccins abordables contre ces maladies(11). Néanmoins, quelles sont les implications juridiques, éthiques, sociales et culturelles de l’apport des biotechnologies en Afrique ? Bref, la situation actuelle montre bien la nécessité de conjuguer des efforts de lutte qui mettent en commun différents domaines d’étude tels que la médecine humaine et animale, la biologie et les biotechnologies, l’écologie, l’économie et les sciences humaines pour répondre aux problématiques de santé globale.

     Voilà autant de préoccupations parmi tant d’autres qui mettent en exergue les enjeux inhérents à l’interconnexion des biotechnologies, le développement et la santé en Afrique. Aussi, pour discuter, relancer et approfondir ce débat interdisciplinaire et transdisciplinaire, le Deuxième Colloque de l’Ecole des Sciences de la Santé de l’Université Catholique d’Afrique Centrale (ESS-UCAC) portera sur le thème « Biotechnologies et développement suivant l’approche Une Santé/One Health ».

Bibliographie indicative